Fouille, place de la Trémoille (2012)


Dans le cadre de sa politique de mise en valeur du centre historique, la Ville de Laval a décidé en 2011 le réaménagement de la place de la Trémoille et de la cour du Château Neuf adjacente qui constituent actuellement le cœur de l’intra muros d’époque philippienne. D’une superficie d’environ 6000 m², ce projet comprenait une réfection de l’intégralité des sols, une reprise de tous les réseaux enterrés ainsi que l’enfouissement de plusieurs équipements destinés notamment aux marchés hebdomadaires, à l’organisation de manifestations culturelles ou encore à la gestion des eaux pluviales. Cet aménagement a motivé la prescription par le Service Régional de l’Archéologie des Pays de la Loire d’une fouille préventive qui a été réalisée par le service municipal d’archéologie de la Ville de Laval de janvier 2012 à juin 2013. Cette intervention, dont l’étude est en cours, éclaire d’ores et déjà d’un jour nouveau l’histoire de l’agglomération, depuis sa création au 11siècle jusqu’à l’Époque Contemporaine.

Genèse de l’agglomération lavalloise (11e-12e s.)

Trois fossés de section circulaire ont été mis en évidence dans la cour du Château Neuf et aux limites nord-ouest et sud-ouest du chantier. D’une largeur d’environ 20 m à leur ouverture, leur profondeur, supérieure à 3 m, n’a en revanche pas pu être appréciée dans le cadre du chantier. Ces fossés tendent à confirmer l’hypothèse selon laquelle le premier château de Laval s’apparente à un vaste castrum flanqué de trois mottes. Au cœur de cet espace ainsi délimité, différentes structures pourraient témoigner de l’occupation du site à cette époque, voire d’une organisation au sein de ce premier château. Car, si des constructions maçonnées, dont une aula, ont été mises en évidence dans les années 1980 à la pointe de l’éperon, dans la cour de l’actuel château, l’occupation de la place de la Trémoille à cette période est matérialisée par des constructions sur poteaux et des silos.

Création d’un château de style philippien et première mutation urbaine (13e s.)

Un nouveau château est bâti à partir de 1218 sous l’égide de Mathieu II de Montmorency, époux d’Emma de Laval et connétable de Philippe-Auguste. De surface moindre que le précédent, il occupe la pointe de l’éperon dominant la rivière la Mayenne et son franchissement. Il se compose d’une enceinte flanquée de manière régulière par des tours semi-circulaires et d’une tour maîtresse circulaire placée sur le tracé des remparts mais isolée par un fossé maçonné. La fouille de la Trémoille a permis de préciser la physionomie du front nord de cette place forte, notamment à travers la découverte d’une tour de flanquement et du fossé.

Parallèlement, une enceinte de ville de 1,1 km est bâtie à la même époque. Au sein de la ville close, les fossés des anciennes mottes nord et ouest sont comblés pour permettre la formation d’un nouveau quartier d’habitats.

Aménagement de la place de la Trémoille (15e s.)

Vers le milieu du 15e siècle, un important programme urbain est initié. Une partie du quartier qui s’était développé depuis le 13e siècle dans l’ancien castrum est arasée pour l’aménagement d’une place. Au sud de cet espace, le fossé du château est alors partiellement comblé pour l’édification d’un front de maisons à pan de bois. L’étude d’une de ces dernières, comprenant la fouille de son niveau de fondation et une étude archéo-dendrochronologique de sa structure, permet de dater cet ensemble bâti de la charnière entre les décennies 1460 et 1470. Enfin, un mur de clôture d’orientation nord-sud est dressé à travers le fossé du château afin de séparer la place créée de l’emprise de l’ancienne motte orientale qui est maintenue dans la sphère castrale.

Édification du Château Neuf (16e s.)

Cette zone, située au nord du château et qui domine la rivière, fait l’objet d’importants aménagements à partir de 1508 avec l’édification d’un mur terrasse sur lequel est construite une galerie de plan rectangulaire. Seul le niveau de cave de cette dernière est aujourd’hui conservé. Les profonds désordres qui ont pu y être observés pourraient expliquer le remplacement de ce premier ouvrage dès 1542 par une nouvelle galerie de style seconde Renaissance. Cette construction, encore visible aujourd’hui et appelée couramment Château Neuf, comprend des planchers et une charpente de toit qui ont pu être datés par dendrochronologie de l’automne-hiver 1544-1545. L’opération archéologique a également permis de préciser son élévation originelle et de constater que son mur bahut était initialement recouvert d’un décor de faux appareil sur enduit obtenu par sgraffite.

Installation du palais de justice au Château Neuf et réaménagement des abords (Époque contemporaine)

Au lendemain de la Révolution, le Château Neuf devient le palais de justice du département de la Mayenne. Dès le début du 19e siècle, une aile en retour est adossée au pignon nord du monument afin de l’adapter à ses nouvelles fonctions. Au milieu du siècle, un vaste programme d’agrandissement du Château Neuf et d’aménagement de ses abords est mené par l’architecte P.-A. Renou. La galerie est ainsi dotée d’un nouveau pavillon nord et d’une aile en retour au sud tandis que sa cour est mise de niveau avec la place de la Trémoille. Le plan de cette dernière est à la même époque régularisé par la destruction de maisons et d’une halle d’époque médiévale. Cette dernière est alors remplacée par une halle en fer à cheval destinée au commerce de légumes.