Diagnostic, quai Gambetta (2021)


Réalisée dans le centre-ville de Laval, l’intervention constitue la tranche 2 du diagnostic de la place du 11 Novembre et de ses abords et concerne plus particulièrement le pourtour de l’îlot Gambetta, sur une surface de 18 000 m², entièrement sur le domaine public, et qui est susceptible de faire l’objet de travaux de voirie et de dévoiements de réseaux.

Huit tranchées ont été réalisées et renseignent avant tout des aménagements du 19e siècle en lien avec le comblement de l’ancien lit de la rivière de la Mayenne, la construction sur le nouveau chenal du Pont-Neuf, d’un quai et d’une cale.

Un habitat élitaire et des blanchisseries de toiles (fin 15e-19e s.)

Dans la tranchée 8, sur le trottoir de l’allée de Cambrai, l’angle de deux murs et un sol de carreaux de terre cuite appartenant à un logis établi sur les bords de l’ancien cours de la Mayenne ont été découverts à partir de 1,50 m de profondeur. Ce dernier pourrait dater des 16e-17e siècles, voire de la fin du 15e siècle, et a été détruit vers le milieu du 19e siècle. Il est encore figuré sur le cadastre de 1840 et occupait une surface de près de 270m² au sol. La distribution était assurée par un escalier en vis installé dans une tour à l’angle sud-est du bâtiment. Au début du 19e siècle, cette propriété appartenait au négociant de textiles Léon Leclerc de la Jubertière, qui fut également député de la Mayenne. En plus du logis se trouvaient plusieurs bâtiments et autres installations destinés au blanchiment des toiles tandis que s’étendaient vers l’est de vastes prairies parsemées de piquets utilisés pour suspendre les draps et les blanchir.

Un bâtiment construit en appentis, entre 1840 et 1853, contre une clôture parcellaire a été observé en travers de la tranchée 3. Son mur sud, une cloison interne en pan de bois et deux sols successifs sont parfaitement conservés. Sa fonction demeure indéterminée mais il pourrait s’agir d’un bâtiment annexe de la blanchisserie, sans doute un magasin pour entreposer les toiles. Sa fouille a livré très peu de mobilier. Il fut détruit dans les années 1860 lors de la construction du quai du Prince impérial et des travaux préalables à la constitution du nouveau quartier d’habitation de l’îlot Gambetta.

Une rampe d’accès au Pont-Neuf (1811-1824)

Pour le reste, tous les vestiges mis au jour sont attribués au 19e siècle et sont liés pour la plupart aux travaux considérables conduits sous l’égide des ingénieurs des Ponts et Chaussées et de la municipalité de Laval aux abords de la traverse Paris-Brest. Il s’agit notamment, dans la tranchée 2, des murs de soutènement et du sol d’une des rampes d’accès au Pont-Neuf (actuel pont Aristide Briand) achevé en 1823 sur le nouveau chenal de la Mayenne. Un portail et une porte piétonne aménagés dans le mur occidental de cette rampe ont pu être dégagés.

Le comblement de l’ancien lit de la Mayenne et la construction du quai du Prince impérial (1847-1865)

A partir de 1847, et jusqu’en 1853, l’ancien lit de la Mayenne, à l’emplacement du cours de la Résistance, est comblé pour y faire passer la route menant à la ville de Mayenne et y aménager des promenades arborées. Les remblais liés à ces travaux titanesques sont principalement constitués de fragments de calcaire bleu et occupent presque l’intégralité de la séquence stratigraphique dégagée dans les tranchées 6 et 7 de part et d’autre du cours de la Résistance. Un dépotoir de la même période recouvre toutefois l’angle du bâtiment résidentiel de la blanchisserie qui venait d’être détruit. Il a fourni une très grande quantité de mobilier archéologique, en particulier des bouteilles de vin et de la céramique, susceptible de renseigner la culture matérielle des Lavallois durant la seconde moitié du 19e siècle.

A l’est de l’emprise, dans les tranchées 1, 2, 3 et 4, d’importants volumes de remblais ont été mis au jour. Ils correspondent à la construction du quai du Prince impérial entre 1862 et 1865 au bord du nouveau canal de la Mayenne et à l’aménagement d’une cale destinée au chargement et au déchargement des embarcations. Les remblais sont constitués de couches de démolitions et de cailloux de calcaire dans la partie occidentale du quai et de dépôts alluvionnaires au niveau de la cale. Ces derniers ont d’ailleurs livré un lot assez important de mobilier céramique résiduel mélangeant des productions médiévales et modernes (du 12e au 17e siècle).