Diagnostic, place du 18 juin (2021)


Le diagnostic réalisé Place du 18 Juin – promenade Anna Politkovskaïa à Laval a permis la découverte de vestiges et éléments mobiliers datant principalement des Époques Moderne et Contemporaine. Des maçonneries liées à l’enceinte urbaine médiévale, dont l’édification est actuellement attribuée au 13e siècle et plus précisément à la période comprise entre 1222 et 1268, ont également été observées.

Réalisée sur la rive droite de la Mayenne, l’intervention s’insère dans l’emprise supposée des anciens fossés précédant l’enceinte urbaine médiévale et, à une échelle plus large, dans un secteur au réseau hydrographique complexe. Elle s’inscrit ainsi dans un espace, à la topographie aujourd’hui fortement artificialisée, situé à la confluence entre la Mayenne et l’un de ses affluents, le ruisseau du Râteau, et à proximité d’un l’étang, dit de la Chiffolière, documenté par des sources écrites et plusieurs observations archéologiques, mais encore mal cerné tant spatialement que chronologiquement. Cette localisation privilégiée autorisait donc à espérer l’obtention de données inédites concernant le réseau hydrographique, son évolution et les aménagements anthropiques qui l’ont modelé ainsi que sur son articulation avec l’enceinte urbaine et le fonctionnement du fossé précédant cette dernière. Malheureusement, l’opération n’a pas réellement permis d’apporter d’éléments nouveaux concernant ces problématiques majeures, en raison, d’une part, des conditions d’intervention qui ont fortement contraint l’implantation des tranchées et la réalisation des sondages profonds et, d’autre part, des très lourds aménagements récents qui ont très fortement détérioré les vestiges antérieurs.

Le front nord de l’enceinte urbaine (13e s.)

Plusieurs maçonneries qui participent aujourd’hui de la courtine du front nord des remparts urbains ont été approchées au cours de l’intervention. Ces observations restent toutefois limitées et difficiles à interpréter, en raison principalement de la très mauvaise lisibilité de ces vestiges, qui ont été altérés par divers aménagements modernes et contemporains et qui ont, de surcroît, fait l’objet, au milieu des années 1990, d’une campagne de rejointoiement exhaustif masquant leur stratigraphie. Deux maçonneries, en sous-œuvre par rapport aux élévations de la courtine, ont été observées. Si la première correspond clairement à une reprise postérieure, comme cela a déjà été repéré par ailleurs à Laval, l’identification de la seconde est plus délicate. Sa mise en œuvre indique clairement qu’il s’agit d’une fondation mais s’agit-il des fondations d’origine de cette section du rempart ou également d’une reprise en sous-œuvre de ce dernier ? Le manque de lisibilité des structures ne permet pas de trancher cette question. Toutefois, l’identification de cette maçonnerie et sa chronologie pourront bénéficier prochainement de datations radiocarbones de charbons prélevés dans son mortier ainsi que dans les niveaux qu’elle recoupe, ce qui devrait permettre de trancher cette question.

Les comblements des fossés (fin 17e/18e s.)

Au cours de l’intervention, des comblements du fossé, consécutifs à la perte de sa vocation défensive et témoignant de son effacement progressif de la topographie, ont été observés ponctuellement. Il s’agit de niveaux dans l’ensemble argilo-limoneux, meubles et homogènes, bruns.

Les sources écrites modernes indiquent qu’à Laval, à l’instar de nombreuses communes françaises, la colonisation des espaces défensifs par les habitants a lieu au cours des 17e et 18e siècles. C’est en effet à partir de cette période que les seigneurs, dont relèvent ces espaces, multiplient les concessions gracieuses autorisant les occupants à s’accaparer les zones non ædificandi au fur et à mesure que la fonction défensive de l’enceinte est remise en question. Le mobilier découvert lors de l’intervention ne permet pas de mieux cerner la chronologie de mise en place de ces comblements. Toutefois, pour ce secteur de la ville, ce phénomène peut être plus précisément situé. Il prend place entre l’asséchement de l’étang de la Chiffolière, décidé en 1684 pour cause d’insalubrité, et entamé en 1688, et le milieu du 18e siècle. En effet, le plan de la ville de Laval dressé de 1753 indique que le fossé est, à cette date, au moins partiellement comblé au niveau de l’ancienne rue Neuve, bien qu’il semble que certaines parties de la douve soient toujours présentes directement au pied de l’enceinte.

L’occupation moderne/contemporaine relevant de la colonisation des anciens fossés nord de la ville (17e/18e s. – 20e s.)

D’après les sources écrites et planimétriques modernes et contemporaines, il semble que l’espace occupé par les anciens fossés ait été accaparé par les habitants du secteur, dans un premier temps sous la forme de jardins avant la mise en place d’un front bâti appuyé contre l’enceinte et ouvrant sur la rue Neuve (actuelle rue Souchu-Servinière). La majorité des vestiges observés lors de cette intervention relève de ce front bâti. L’intervention a ainsi mis au jour les vestiges de plusieurs édifices, dont certains dotés de caves. Dans l’ensemble, le mobilier céramique recueilli, classique pour cette période, indique une occupation domestique.

Les aménagements récents

Entre les années 1985 et 1996, le dégagement du front nord des remparts est réalisé dans le cadre d’un important projet de réaménagement du secteur porté par la municipalité. Les mises en place du parking, de la promenade et de la Place du 18 Juin sont réalisées dans ce cadre, accompagnées de l’installation de réseaux et d’importants nivellements. Ces réalisations ont eu un impact très lourd sur le sous-sol et les vestiges des occupations antérieures. Ne subsistent ainsi majoritairement que les maçonneries et quelques couches ponctuellement protégées par des angles et retours de murs, tandis que les remblaiements récents peuvent atteindre jusqu’à 3,30 m d’épaisseur.