Diagnostic, La Louisière (2010)


Connu pour ses productions de céramiques médiévales et modernes dont la diffusion a été attestée à travers tout l’Ouest français, le village de Saint-Pierre-le-Potier, au sud de l’agglomération lavalloise, fait l’objet d’un périmètre archéologique large, annexé au plan local d’urbanisme. C’est dans ce cadre qu’un diagnostic archéologique a été prescrit au lieu-dit La Louisière, préalablement à l’aménagement d’une habitation individuelle.

Située à mi-hauteur sur le coteau dominant la rive gauche de la Mayenne, la parcelle diagnostiquée (BR 194) occupe un fond de vallon qui lui confère une orientation est-ouest. Elle repose sur la plus récente des quatre formations sédimentaires du bassin carbonifère de Laval, celle dite de L’Huisserie. Cette dernière, détritique et terrigène, se compose de filons de schistes et de grès bréchoïdes ainsi que de veines d’argile.

Réalisée par le Service municipal d’archéologie de la Ville de Laval en octobre 2010, cette opération a permis de mettre au jour plusieurs structures et vestiges matériels qui témoignent d’une occupation continue du site depuis le Moyen Âge jusqu’à l’Époque contemporaine.

L’occupation médiévale

Les vestiges d’époque médiévale se concentrent sur le versant nord du vallon. Ce secteur présente sur plus de 1,80 m de haut une suite de trois niveaux de remblais qui se singularisent par une forte densité en mobilier céramique. À l’exception d’un tesson de grès normand, tous les fragments sont issus des productions locales. Ils permettent de dater ces trois couches successives du XIIIe siècle, de la charnière entre le XIVe et le XVe siècle et du milieu du XVe siècle. Durant la seconde moitié du XVe siècle, une canalisation maçonnée souterraine est aménagée à travers le remblai le plus récent. Réalisée à l’aide de schistes liés à l’argile, elle est constituée de murs en moellons surmontés de dalles qui lui confèrent une section dans œuvre d’environ 20 x 35 cm. Au regard du tronçon observé, son tracé est rectiligne et suit la pente du terrain jusqu’à un puits dans lequel elle se déverse à l’aide d’un raccord coudé. Ces caractéristiques indiquent qu’il s’agit d’un système d’adduction. En revanche, l’absence conjuguée de semelle à la base de l’ouvrage et d’enduit sur ses parois intérieures pouvant garantir l’étanchéité du conduit parait indiquer que l’eau acheminée n’était pas destinée à la consommation mais à des fins agricoles ou artisanales. À la même époque et dans une position stratigraphique analogue, un fossé de 1 mètre de large est creusé. Parallèle et situé immédiatement en aval de la structure précédente, il semble s’apparenter à un drain.  Enfin, à l’angle nord-ouest de la parcelle, une fosse postérieure à la charnière entre le XIVe et le XVe siècle pourrait constituer une carrière d’extraction d’argile.

L’ensemble de ces données tend à démontrer la proximité immédiate, au nord de la parcelle, d’un site d’occupation d’époque médiévale, voire d’un atelier de potier. Dans cette direction, à moins de 30 m, se trouve le lieu-dit même de La Louisière. Datée de 1609, la première source écrite connue y mentionne la présence d’un artisan potier.

L’occupation moderne

Trois structures d’Époque moderne ont été découvertes sur le versant opposé. La première est  un  four semi-enterré d’orientation nord-sud. Mesurant 1,20 m de large et 3,20 m de long, il est conservé sur environ 60 cm de haut. Ses murs présentent un appareil irrégulier de grès liés par un mortier de chaux tandis que la sole est constituée de briques vernissées de grande dimension (22x11x4,5 cm). Contiguë à cet élément de chauffe, la seconde structure est un bâtiment de même orientation  d’environ 3,30 m de large sur 5,30 de long. Préservés sur une hauteur de 20 cm, ses murs sont en moellons de schiste liés à l’argile. Sur le mur gouttereau est, une porte ouvre sur la dernière structure, une fosse d’extraction d’argile.

Contemporains, ces vestiges constituent un atelier de terres cuites architecturales relativement complet dont la construction est postérieure au début XVIIe siècle et l’abandon daté de la 2nde moitié du XVIIIe siècle.

Ces résultats corroborent l’évolution établie de la production de terres cuites à Saint-Pierre-le-Potier et plus largement au sud de Laval : si la production de céramiques ne cesse de s’amplifier au cours du Moyen Âge et semble atteindre son paroxysme au XVIe siècle, la concurrence des autres productions et notamment des grès normands aboutit à la disparition progressivement des ateliers de céramiques au cours du XVIIe siècle au profit de la fabrication presque exclusive de terres cuites architecturales.