Diagnostic, îlot Val de Mayenne (2017)
Réalisé dans le centre-ville de Laval, sur les quais de la rive droite de la Mayenne, ce diagnostic s’est déroulé au pied de l’ensemble castral médiéval et pour partie dans une extension de l’enceinte urbaine datée du 15e siècle. L’emprise prescrite est composée de plusieurs parcelles, dont la majorité est occupée par des ensembles bâtis (environ 62 % de la surface totale), ce qui a impliqué une organisation de l’intervention en deux approches.
D’une part, deux tranchées, d’une superficie totale de 109 m², ont été effectuées au niveau d’espaces non bâtis situés au nord-est de l’emprise. Elles ont mis en évidence une occupation continue entre le Moyen Âge central et l’Époque Contemporaine.
D’autre part, une étude de bâti a été réalisée sur les éléments encore en élévation, notamment ceux localisés au sud-ouest de l’emprise, le long de la rue du Val de Mayenne. Les observations réalisées dans les caves de ces édifices, dont les façades ne semblent pas antérieures au 18e siècle, ont mis en évidence la présence de maçonneries et/ou d’espaces plus anciens ayant servi d’appuis aux constructions actuelles.
Au final, cette opération a mis en évidence le fort potentiel archéologique de ce secteur avec une puissance stratigraphique importante (jusqu’à 4,60 m d’épaisseur) ayant permis une bonne conservation des vestiges, y compris sous les constructions. Ces résultats sont également importants car ils permettent de mieux appréhender l’occupation et l’évolution d’un secteur de la ville peu documenté jusqu’à présent. Plusieurs problématiques ont ainsi pu être abordées, telles que la gestion et l’évolution des berges de la rivière, la mise en place et l’abandon de la seconde enceinte urbaine de Laval ou encore l’évolution d’un îlot bâti, depuis la période médiévale jusqu’à l’époque actuelle.
La question de l’évolution du trait de rive transcende les différentes phases mises en évidence. Il a ainsi été repéré que, depuis le Moyen Âge central, la rive droite de la Mayenne n’a eu de cesse de reculer au fur et à mesure que des aménagements successifs gagnaient sur la rivière, pour atteindre le niveau matérialisé par les quais mis en place au 19e siècle, à environ 35 m à l’est du premier état repéré. Les résultats de ce diagnostic, associés aux informations issues de la cartographie et de l’iconographie anciennes, permettent de proposer la succession d’au moins six traits de rive à cet emplacement, entre le Moyen Âge central et la période actuelle . Ces aménagements de berges successifs relèvent de dynamiques différentes. Certains résultent d’un acte politique. C’est le cas notamment de la construction des quais au cours du 19e siècle et certainement de l’édification du mur terrasse/d’enceinte au 15e siècle. Les autres aménagements semblent résulter d’actions ponctuelles et de faibles ampleurs, fruits probable de volontés individuelles.
L’occupation médiévale (11e siècle – 15e siècle)
De par sa localisation, entre le cours de la Mayenne et le promontoire rocheux sur lequel reposent l’ensemble castral et la ville fortifiée médiévale, à moins de 200 m de l’emplacement supposé d’un gué emprunté par la voie antique Tours-Corseul, le secteur concerné par ce diagnostic accueille certainement une occupation précoce bien que celle-ci demeure encore aujourd’hui non documentée.
D’après les résultats de cette intervention, l’occupation est attestée à partir du Moyen Âge central dans la partie nord-est de l’emprise. Les découvertes pour cette période consistent en trois phases d’aménagements qui correspondent à trois niveaux de grèves successifs : tout d’abord, une berge aménagée, matérialisée par un trou de poteau et des dépôts alluvionnaires ; ensuite une séquence de remblaiement, posant la question de l’utilisation du nouvel espace gagné sur la rivière ; et enfin un mur terrasse, qui peut-être rapproché de l’extension de l’enceinte urbaine venant protéger le Val de Mayenne et attribuée à la seconde moitié du 15e siècle.
L’occupation de la fin du bas Moyen Âge à l’Époque Moderne (milieu 15e siècle – 17e siècle)
La phase comprise entre le milieu du 15e siècle et le 17e siècle correspond à la période la mieux représentée sur le site, aussi bien en terme de mobilier qu’en terme de structures. L’ensemble de ces vestiges a été mis au jour au sein de la tranchée 1, un nivellement ayant fait disparaître les niveaux de cette période en tranchée 2. Ces éléments témoignent de trois grands phénomènes : d’une part, des aménagements au niveau du mur terrasse/d’enceinte rendent compte du fonctionnement de la fortification et de l’espace de fond de parcelle qui y est associé ainsi que de l’abandon de la fonction défensive du mur ; d’autre part, la constitution progressive et complexe d’un espace bâti a été mis en évidence ; et enfin, un redécoupage parcellaire s’accompagne d’une réorganisation de la trame de l’habitat perpendiculairement à la rue du Val de Mayenne et donnant accès à la rivière, tandis que le mur d’enceinte disparaît du paysage et ne forme plus une contrainte.
L’occupation de la fin de l’Époque Moderne au début de l’Époque Contemporaine
(18e siècle – milieu du 19e siècle)
Paradoxalement, la période comprise entre le 18e siècle et le milieu du 19e siècle est relativement mal représentée sur le site de l’îlot Val de Mayenne. Ainsi, seul 2% du mobilier céramique recueilli est produit après le début du 18e siècle. En effet, en tranchée 1, les structures et niveaux de cette période semblent avoir été oblitérés par des aménagements contemporains. En tranchée 2, les vestiges relevant de cette période sont plus conséquents et témoignent d’un phénomène de densification du bâti et de poussée de l’occupation vers la rivière en lien avec le poids important des activités économiques développées en bord de Mayenne.
L’occupation contemporaine (à partir du milieu du 19e siècle)
Enfin, à partir de la seconde moitié du 19e siècle, les parcelles concernées par cette opération ont connu d’importants remaniements, liés particulièrement à l’aménagement des quais les longeant au nord-est (1863), qui vont faire reculer une nouvelle fois la rive droite de la Mayenne. Ainsi, si le bâti ancien est conservé encore aujourd’hui le long de la rue du Val de Mayenne, les anciens fonds de parcelle ont été fortement réaménagés et réorganisés au cours de la période contemporaine avec la constitution d’un nouveau front bâti tourné vers les quais nouvellement construits.