Diagnostic, cloître de la collégiale Saint-Tugal (2019)


Réalisé dans le centre historique de Laval, dans l’emprise de l’ancien cloître à galeries de la collégiale Saint-Tugal, le diagnostic a non seulement confirmé l’existence de cet édifice, mais a illustré plus largement une occupation continue de ce secteur depuis le 10e-11e siècle.

Ces résultats très satisfaisants doivent beaucoup à la bonne conservation de la stratigraphie et à un mobilier relativement abondant malgré l’emprise très limitée de l’intervention (27 m²). Quatre grandes phases ont ainsi été définies depuis les premières occupations domestiques du moyen Âge central jusqu’à l’aménagement du parking de la rue du Jeu de Paume en 1980.

La première phase d’occupation est caractérisée par des structures fossoyées et un sol de terre battue installés sur l’altérite argileuse du substrat géologique. Une datation radiocarbone fixe la chronologie entre le 10e et le 11e siècle. Il est ainsi démontré que le secteur de la place Saint-Tugal et de la rue du Jeu de Paume est occupé précocement, bien avant son intégration supposé à l’espace urbain lors de la construction de l’enceinte de ville au 13e siècle.

La deuxième phase d’occupation du site est matérialisée par onze fosses-dépotoirs subcirculaires datées entre le milieu du 13e siècle et la première moitié du 15e siècle. Elles ne présentent pas d’aménagent particulier et sont comblées par une terre argilo-limoneuse brune a priori issue de la décomposition d’éléments organiques. Une quantité non négligeable de restes céramique et de faune a été découverte. Ce mobilier correspond ainsi aux rejets domestiques d’un ou plusieurs habitats établis à proximité immédiate.

Dans la seconde moitié du 15e siècle, le terrain concerné par le diagnostic change totalement d’affectation (phase 3). Il est en effet choisi par la communauté canoniale et les seigneurs de Laval pour aménager le cloître à galeries de la collégiale Saint-Tugal dans le cadre d’un vaste programme architectural comprenant également l’agrandissement de l’église. Le mur principal de la galerie nord, et le mur-bahut de la galerie orientale ont été repérés. Au sein de ces espaces de circulation, six sépultures individuelles et un hypothétique ossuaire ont également été fouillés. La sépulture la plus ancienne est datée de la fin du 15e siècle tandis que la plus récente est située au 17e ou 18e siècle.

La révolution française et la saisie des biens nationaux marquent un nouveau tournant dans l’histoire du site (phase 4). Malgré une conservation très partielle des niveaux archéologiques de cette période, le diagnostic montre que les galeries du cloître furent démantelées et que le terrain reprit les fonctions de simple cour et de jardins, avant de devenir un parking dans la seconde moitié du 20e siècle.