Diagnostic, 29 quai Sadi Carnot (2020)
Le diagnostic réalisé au 29 quai Sadi Carnot à Laval a permis la découverte de vestiges datant de la charnière des périodes Médiévale et Moderne et de l’Époque Contemporaine. Réalisé sur la rive gauche de la Mayenne, à proximité immédiate du cours d’eau, cette opération a été l’occasion d’observer l’évolution d’un secteur passant d’une berge de rivière relativement marécageuse et apparemment peu aménagée à un espace fortement remanié et anthropisé.
L’occupation de la charnière des époques médiévale et moderne
Le plus ancien niveau repéré au cours de cette intervention correspond à un dépôt alluvionnaire d’une épaisseur minimum d’une quarantaine de centimètres, observé dans les 10 m de l’extrémité orientale de la tranchée. Cette couche, par son faciès, semble relever d’un dépôt fluviatile en eaux calmes. Le site étant situé dans le lit majeur de la Mayenne, il paraît témoigner d’un espace de berge relativement marécageux plus que d’épisodes de crues. La fouille de cette couche a permis de recueillir un mobilier composé de trois fragments de terre cuite architecturale et de sept tessons de céramique attribuables à des productions des 15e et 16e siècles. Ce mobilier peut à la fois relever d’activités humaines proches ou avoir été déposé par les eaux. La première hypothèse paraît cependant à privilégier, car ces artefacts apparaissent peu roulés ; il semble donc peu probable qu’ils aient été transportés par la rivière. Leur présence témoigne plus vraisemblablement d’activités humaines à proximité immédiate.
Cela est confirmé par la découverte d’un lambeau de préparation de sol en mortier ayant livré un mobilier relevant du même intervalle de production. Sans doute est-il le reflet de l’une des multiples activités, artisanales ou vivrières, qui prennent place sur les bords de la rivière et qui paraissent s’intensifier au cours des périodes moderne et contemporaine.
L’occupation de la fin de l’époque moderne à nos jours
Au cours du 18e siècle et de la première moitié du 19e siècle, l’emprise diagnostiquée est comprise dans un ensemble foncier voué à la confection de toiles de lin, spécialité de la région lavalloise entre les 16e et 19e siècles. Plusieurs documents iconographiques et planimétriques indiquent que le site s’insère dans des terrains non bâtis utilisés pour exposer les toiles au soleil afin de favoriser leur blanchiment. Aucun vestige archéologique témoignant de cet usage n’a toutefois été découvert et aucun niveau ne s’intercale entre les couches datées des 15e-16e siècles et les aménagements du milieu du 19e siècle.
À cette période, cet espace voit sa topographie être profondément modifiée et anthropisée par l’aménagement du premier quai de Laval. Celui-ci prend la forme d’une digue, matérialisée par des niveaux de remblais massifs, créant un talus entre le cours d’eau et les terrains de la rive gauche. Cet aménagement s’est accompagné de la mise en place d’un front bâti, dans lequel s’insère la parcelle diagnostiquée, et du développement d’un habitat le long du tracé rectifié de la rivière. Archéologiquement, cela se traduit par la découverte d’une séquence de nivellement visant à adoucir la pente générée par l’extrémité de la digue, puis par des aménagements divers de cours et de jardins qui témoignent des usages de ce nouvel espace entre la deuxième moitié du 19e siècle et nos jours.