Diagnostic, 22-24 rue de Bretagne (2017)


En amont d’un projet immobilier concernant les parcelles CL597 et 598, sises au n°22 et 24 de la rue de Bretagne à Laval, le service archéologique municipal a réalisé un diagnostic du 3 au 13 juillet 2017, sur une superficie totale de 984 m².

Localisée à l’ouest du centre-ville de Laval, à proximité immédiate de l’ancien bourg Saint-Martin et du prieuré médiéval éponyme (EA 53 130 0053), l’emprise prescrite est comprise pour partie dans la zone n°1 (Ville médiévale – EA 53 130 007) et pour le reste dans la zone n°2 (Ville moderne – EA 53 130 0081) du zonage archéologique. Situé sur les flancs de la vallée du Râteau, actuellement reprise par une rue ouest-est perpendiculaire à la Mayenne et présentant une pente moyenne de 3%, le terrain est également marqué par un dénivelé nord-sud lié à l’existence immédiatement au nord d’un éperon rocheux, lequel est surmonté de l’église Saint-Martin.

Les observations réalisées dans le cadre du diagnostic ont confirmé que ce secteur repose sur des Formations alluviales. Le socle rocheux, qui a pu être atteint dans l’un des sondages, correspond à la Formation des calcaires de Laval, conformément à ce qui était attendu.

Au cours de cette intervention, cinq tranchées d’une superficie totale de 88,4 m² (soit 9% de la surface totale) ont été effectuées. Elles ont permis de mettre en évidence une occupation continue de ce site entre le Moyen Âge central et l’Époque Contemporaine. Pour les périodes médiévales et modernes, les principaux éléments consistent en des structures fossoyées (fosses et fossés) ainsi qu’en des aménagements d’espaces (niveaux de sols, remblais, mur clôture…) qui peuvent être rapprochés des différentes politiques de mise en valeur et d’assainissement de cette zone. À l’inverse, la majorité des structures maçonnées, dont toutes celles en élévation, correspond à des aménagements contemporains postérieurs au cadastre de 1840.

La confrontation des résultats obtenus avec les données planimétriques et historiques, ainsi qu’avec les conclusions des opérations archéologiques antérieures, apporte une meilleure appréhension de l’occupation et de l’évolution de ce secteur de la ville, pour lequel quatre grandes phases peuvent être dégagées entre le Moyen Âge central et l’époque actuelle.

L’occupation médiévale (11e – 15e siècle)

Aucune structure ou élément mobilier ne peut être rapproché de la fondation du prieuré Saint-Martin au cours de la seconde moitié du 11e siècle. Néanmoins, cette intervention a permis, pour la première fois dans ce secteur de la ville, de mettre en évidence un niveau daté de cette période par radiocarbone. Le reste des découvertes consiste en des tessons de céramique produite à partir du milieu du 13e siècle ainsi qu’en trois structures fossoyées, un niveau de sol et un probable niveau de terre arable.

La faiblesse de l’occupation constatée pour cette période peut être expliquée par les contraintes naturelles et la présence de terres insalubres mentionnées par les textes. En effet, ce secteur de la ville est confronté à un problème de ruissellement et d’humidité important lié au relief ainsi qu’à la présence de cours d’eau et d’une zone inondable bordant le lit naturel de la Mayenne. Toutefois, ces contraintes sont à relativiser car la présence d’eau courante représente également un atout.

L’occupation de la fin du bas Moyen Âge à l’Époque Moderne (milieu 15e siècle – 17e siècle)

Pour cette phase, l’occupation est mieux attestée avec plus de la moitié des tessons de céramique mis au jour et sept faits archéologiques incluant des aménagements structurants. Ces éléments concordent avec la politique de mise en valeur des terrains dépendant du prieuré connue par les sources écrites à partir de la seconde moitié du 15e siècle.

Il a ainsi été découvert un mur séparant deux espaces, dont l’un constitué d’un sol comblé à partir du 17e siècle ; une séquence de remblais comportant du mobilier céramique produit à partir du milieu du 15e siècle et interprétée comme une terrasse artificielle venant compenser la pente naturelle, ; deux fosses dépotoirs et deux fossés orientés est-ouest témoignant d’une occupation entre le milieu du 15e siècle et le 17e siècle. Le fossé le plus méridional, dont la fonction de drainage a pu être mise en évidence, marque une structuration durable de l’espace puisqu’il est repris par un probable chemin puis par un mur clôture correspondant à une limite cadastrale de 1840.

L’occupation de la fin de l’Époque Moderne au début de l’Époque Contemporaine (18e siècle – début 19e siècle)

Cette phase est assez bien représentée sur le plan mobilier mais présente une disparité sur le plan des structures. Les découvertes archéologiques et les différents plans anciens illustrent le fait que l’emprise du diagnostic est située dans une zone qui reste, jusqu’au milieu du 19e siècle, un espace périphérique divisé en deux, avec au nord des jardins associés au bâti et au sud des terrains agricoles.

La partie nord du site semble avoir connu un nivellement important au 20e siècle. Ainsi, à l’exception d’un mur qui peut être rapproché d’un front bâti visible sur le cadastre de 1840 et détruit en 1944, les éléments visibles sur le plan napoléonien n’ont pas laissé de traces.

Au niveau de la partie sud, le dénivelé naturel du terrain a nécessité un remblaiement important à l’Époque Contemporaine, ce qui a permis la bonne conservation des niveaux. Il a ainsi pu être mis en évidence la présence d’un remblai aménagé postérieur au 18e siècle qui correspond à un jardin sur le cadastre de 1840. Cet espace est délimité par une maçonnerie dont les fondations ont également été retrouvées. Le mur de clôture sud actuel marque une limite nouvelle liée à la construction d’une route reliant Paris à Brest. En usage en 1837 dans ce secteur, elle entraîne dans les décennies suivantes d’importantes modifications du tissu urbain. On peut également ajouter à cette phase la découverte d’un aqueduc qui semble avoir canalisé un cours d’eau visible sur la parcelle en 1804, lié à la volonté de la municipalité d’assainir définitivement ce secteur dans les années 1840.

L’occupation contemporaine (du milieu du 19e siècle à aujourd’hui)

Une grande partie des vestiges identifiés correspond à l’occupation contemporaine récente de cet espace qui a connu de nombreuses modifications parcellaires entre la mise en place de la rue de Bretagne dans les années 1830 et l’Époque Contemporaine récente.

À partir des années 1850, ces terrains sont devenus la propriété d’une école chrétienne, à l’exception du quart nord au moins jusqu’en 1908. Les photographies aériennes de Laval, réalisées à partir de 1933, montrent que cet espace a connu de multiples transformations au 20e siècle, avec de grandes phases de destructions et de nombreux aménagements successifs, dont certains n’ont duré que quelques années.

Lors de l’intervention, les parcelles comprenaient un grand bâtiment principal accompagné d’annexes ainsi que deux cours goudronnées délimitées par des murs clôtures.