Fouille, Conteneurs enterrés (2013)
Dans le cadre de l’installation de conteneurs enterrés pour la collecte des déchets dans le centre ville de Laval, le Service Régional de l’Archéologie des Pays de la Loire a prescrit une opération de fouille archéologique. Situés sur le domaine public, les huit sites étudiés présentent une superficie comprise entre 16 et 78 m². Véritable intervention à l’échelle de la ville, cette opération a été l’occasion d’explorer des secteurs urbains qui n’avaient pas fait jusqu’à présent l’objet d’investigations archéologiques. Tous les sites se sont révélés positifs et ont permis la mise en évidence d’une occupation entre le 11e siècle et le 20e siècle. Des usages de l’espace très variés ont été observés parmi lesquels des activités agricoles, des secteurs d’habitats et une zone funéraire.
Site 1, Rue de Rennes (40,40 m²)
Le site n°1 est localisé hors de l’intra-muros médiéval, dans l’emprise supposée d’un bourg fondé aux environs de 1055 par les moines de Marmoutier de Tours autour d’un prieuré dédié à Saint-Martin.
Lors de la fouille de ce site, trois phases principales ont été mises en évidence. La première correspond à une séquence de structures en creux médiévales dont les comblements ont livré un mobilier produit entre le milieu du 13e s. et 1430. Du fait d’un assez mauvais état de conservation (lié notamment à la présence de nombreux réseaux dans l’emprise du site), ces vestiges sont difficilement interprétables. Ils témoignent néanmoins de l’occupation de cet espace au cours du Moyen Âge central. La deuxième phase est caractérisée par la mise en place de plusieurs ensembles maçonnés. Ceux-ci peuvent être interprétés comme correspondant à deux édifices séparés par une venelle. L’un de ses édifices a livré plusieurs couches d’occupation s’échelonnant de la fin du Moyen Âge à l’Époque Contemporaine. Insalubres, les bâtiments encore en élévation sont ensuite arasés en 1944.
Site 2, Ruelle de Beausoleil (26,21 m²)
Le site n°2 est localisé sur un coteau situé au nord de la ville close, dans un secteur péri-urbain assez peu connu.
Sa fouille a mis en évidence trois phases principales qui s’échelonnent entre la fin du Moyen Âge et l’Époque Contemporaine. La plus ancienne correspond à une séquence d’activités agricoles composée de niveaux de terre arable entrecoupés de structures en creux (fosse et fossés). D’après le mobilier mis au jour cette séquence est antérieure au milieu du 18e siècle. Dans un deuxième temps, le site est marqué par l’installation de niveaux de cours ou de jardins. Ces structures, mises en place au cours de la première moitié du 18e siècle, sont détruites avant 1804-1805 pour permettre l’aménagement d’une maison connue par la documentation planimétrique. Deux murs, un sol construit ainsi qu’un niveau de circulation ont été mis au jour et peuvent être attribués à cet édifice. Ce dernier est démoli en 1995.
Site 3, Rue Souchu-Servinière (16,65 m²)
Le site n°3 est localisé dans l’emprise des anciens fossés du front nord de l’enceinte urbaine médiévale (13e-15e s.).
Sa fouille a mis en évidence trois phases principales. La première correspond aux derniers comblements de ces fossés entre lesquels viennent s’intercaler quelques structures en creux composées de fosses et de fossés. Dans ces niveaux sont ensuite édifiés des maçonneries correspondant à un immeuble sur rue et à un bâtiment moins important en fond de cour. Ces deux séquences peuvent être placées chronologiquement entre 1688, date à laquelle les fossés sont asséchés, et 1753, date à laquelle des bâtiments apparaissent à cet endroit dans la documentation planimétrique. L’ensemble est arasé en 1976.
Site 4, Place Saint-Tugal (32,34 m²)
Le site n°4 est localisé dans l’emprise de l’église collégiale Saint-Tugal.
Sa fouille a permis la mise au jour de niveaux et de structures antérieurs (remblais, voirie ?) aux 13e-14e siècles et à l’édification de l’avant nef. A l’intérieur de cette dernière, un ensemble de fosses et de sépultures témoigne de la fonction funéraire du site à partir de la fin du 13e siècle ou du siècle suivant. En parallèle, des maçonneries et une cave ont été découvertes à l’extrémité nord de la zone de fouille. Si leur datation demeure incertaine, elles paraissent appartenir à la maison canoniale qui formait le côté ouest du cloître du chapitre.
Site 6, Place Hardy de Lévaré (21,62 m²)
Le site n°6 est localisé dans l’emprise d’un fossé qui ceinturait un boulevard d’artillerie édifié au cours de la 2nd quart du 15e siècle.
Trois phases ont été mises en évidence. La première correspond au comblement progressif du fossé. Les niveaux qui s’y rattachent prennent place entre la seconde moitié du 15e siècle et le milieu du 18e siècle. Le site est ensuite marqué par la création d’installations d’agrément dans le cadre de l’aménagement, vers 1758-1759, d’une promenade publique. Ces structures sont ensuite détruites au milieu du 19e siècle en raison du remaniement de la place. Enfin, cette dernière fait l’objet entre le milieu du 19e siècle et l’époque actuelle de divers réaménagements.
Site 9, Place Chanteux (32,70 m²)
Le site n°9 est localisé sur la rive gauche de la Mayenne, dans un faubourg qui se développe à partir du Moyen Âge central.
Dans un premier temps, l’emprise du site est occupée par un ensemble de structures en creux mal conservées et par conséquent difficilement interprétables. Succèdent à ce premier état un ensemble de sols et de faits qui témoignent de la présence d’une cour d’habitation. Postérieurement, un bâtiment est édifié à cet emplacement. Celui-ci est matérialisé par des maçonneries, une probable cheminée et des lambeaux de sol. Le site est arasé au 19e siècle pour permettre l’édification du collatéral de l’église Saint-Vénérand adjacente.
Site 11, Rue des Curés (59,50 m²/78m²)
Le site n°11 est localisé au cœur de l’intra-muros médiéval, à proximité immédiate de l’église de la Trinité fondée vers le milieu du 11e siècle par les moines de la Couture du Mans.
L’emprise du site est dans un premier temps marqué par la présence de plusieurs fosses et trous de poteaux comblés entre le milieu du 13e siècle et le 15e siècle. Les élévations construites postérieurement à cet emplacement correspondent à un édifice cité parmi les maisons remarquables de Laval au 19e siècle. Celui-ci est attesté entre le milieu du 15e siècle et 1886, date de sa démolition. La fouille a mis au jour une cave qui s’y rattache et qui présente de nombreux remaniements ; neuf phases ont ainsi été perçues s’échelonnant entre le milieu du 15e siècle et le dernier quart du 19e siècle.
Site 12, Rue Bernard Le Pecq (16 m²)
Le site n°12 est localisé dans une zone marquée par une forte humidité. Les niveaux les plus anciens mis au jour témoignent d’ailleurs de la présence d’eaux. L’opération, de superficie inférieure à 15m², n’a toutefois pas permis de déterminer s’il s’agissait d’un cours d’eau ou d’un étang. Le site est ensuite marqué, au cours du bas Moyen Âge et de l’Époque Moderne, par de très importantes phases de nivellement matérialisées par des remblais entrecoupés de fosses. Lors d’une dernière phase, des maçonneries sont édifiées. Elles ne seront détruites qu’en 1856 pour permettre le percement de l’actuelle rue Bernard Le Pecq.