Sondage, rue Charles Landelle (2010)


Dans le cadre de la création d’une canalisation d’adduction d’eau potable au cœur du centre historique, le Service régional de l’archéologie des Pays de la Loire a prescrit une opération de sondage archéologique.

La partie du domaine public sondé (places Hardy de Lévaré, de la Trémoille et rue C. Landelle) présente une topographie et une géologie représentatives de l’intra muros lavallois. Située à mi-hauteur sur un plateau dominant la rive droite de la Mayenne, elle repose sur la deuxième des quatre formations sédimentaires du bassin carbonifère de Laval. Cette formation dite des calcaires de Laval est caractérisée par des calcaires dont la couleur varie du gris-bleu au noir.

Réalisée par le Service municipal d’archéologie de la Ville de Laval en novembre 2010, cette opération a permis de mettre au jour plusieurs structures et vestiges matériels qui témoignent de l’occupation du site depuis le 13e jusqu’à l’Époque contemporaine.

L’occupation du Moyen Age Central

Les structures archéologiques datées du Moyen Age Central se concentrent en trois secteurs.

Le premier est situé immédiatement au nord de la porte Beucheresse. Il a permis d’étudier pour la première fois une section complète des terrassements (talus et fossé) de l’enceinte urbaine. Au regard de la chronologie relative, la levée de terre est antérieure à la courtine. La chronologie absolue n’a en revanche pas pu être établie. Il n’est ainsi pas assuré que les remparts maçonnés (actuellement datés des années 1220-1230) et les terrassements sur lesquels ils s’appuient relèvent de la même phase de construction. Par sa physionomie, la levée pourrait au contraire accréditer l’hypothèse déjà étayée de l’existence d’une clôture antérieure à l’enceinte d’époque philipienne.

Le second est localisé au cœur de l’intra muros, aux abords de l’actuelle place de la Trémoille. Il regroupe deux bâtiments antérieurs à la charnière entre le 13e et le 14e siècle. Par leur orientation NO-SE, leur localisation et la nature de leur comblement, ils semblent constituer des constructions de fond de parcelle liées au parcellaire de la rue des Orfèvres. Ces constructions permettent par ailleurs de préciser la datation des halles médiévales. Ces dernières, situées à cet emplacement, sont postérieures à la destruction de ces bâtiments. Il apparaît même probable que leur mise en œuvre soit à l’origine de cet arasement. Cet édifice commercial, qui apparaît dans les sources écrites à partir du début 15e siècle, pourraient en conséquence daté fin du 13e siècle ou au début du 14e siècle.

Le troisième est place Hardy de Lévaré devant la porte Beucheresse. Bien que lacunaires, les quelques vestiges relevés (mur, talus) témoignent de manière inédite de l’occupation de l’ancienne rue Beucheresse et de cette partie du faubourg du Marchis dès la fin du 13e siècle ou le début du siècle suivant.

L’occupation du Bas Moyen Age

Deux ensembles archéologiques datés de cette période ont été découverts.

Situé place Hardy de Lévaré, le premier est un boulevard d’artillerie daté des années 1427-1452. De plan semi-circulaire outrepassé, ouvert à la gorge côté ville et doté d’un accès au nord perpendiculaire au passage vers la porte Beucheresse, il est ceint de fossé 17,5 m de large à leur ouverture. En élévation, le terre-plein est en partie soutenu par un massif de maçonnerie taluté sur lequel la base d’une élévation a pu être observé.

Le second a été mis en évidence au chevet de l’église de la Trinité. Il comprend un mur et un bâtiment ou corps de bâtiment de plan trapézoïdal abritant une abside. L’ensemble forme un front bâti dont l’orientation diffère nettement de celui représenté en 1840 à l’occasion du premier cadastre. L’agrandissement progressif du chevet de la cathédrale entre les années 1490 et 1537 pourrait expliquer sa destruction qui est antérieure à la 2e moitié du 15e siècle ou au 16e siècle.

L’occupation d’Époque moderne

Plusieurs faits archéologiques témoignent de l’occupation de la ville au cours de l’Époque moderne. Plusieurs vestiges d’habitations de la rue des Curés, de la rue Trouvé, de la rue Renaise ou encore du quartier des halles ont été découverts.

Durant la 2e ½ du 18e siècle, dans le cadre de l’embellissement de la ville, les fortifications urbaines décrites précédemment sont progressivement détruites. En 1758, le boulevard de la porte Beucheresse est arasé et ses fossés comblés pour permettre l’aménagement d’une promenade. En 1788, la destruction de la section de courtine étudiée est autorisée pour permettre l’agrandissement d’une propriété adjacente située dans la ville close.

L’occupation d’Époque contemporaine

L’Époque contemporaine est marquée avant tout par deux aménagements urbains. Le premier est la reprise et l’augmentation de la place de la Trémoille entre 1845 et 1852. Ces travaux comprennent entre autres la démolition d’une partie du bâti de la rue des Orfèvres et des halles médiévales ainsi que la construction d’une nouvelle halle vouée au commerce des légumes. Plusieurs substructions de cette dernière ont été mises au jour.

Le second est le percement de la rue C. Landelle entre 1884 et 1891. Toutes les structures archéologiques observées et encore en élévation sont alors détruites.