Étude de bâti, Notre-Dame de Pritz (2010)


Située à 2 km au nord de Laval, aux abords immédiats de la rive droite de la Mayenne, la chapelle Notre-Dame de Pritz occupe le bord d’un plateau de schistes dominant un méandre de la rivière et ses dépôts alluvionnaires.

Si l’occupation humaine du site est avérée dès le Paléolithique et aux périodes suivantes, elle ne semble en l’état de nos connaissances prendre une certaine importance qu’au cours du haut moyen âge lorsque le lieu devient une nécropole. C’est sur ce substrat qu’un premier édifice est construit. Recoupant entre autres une sépulture datée de la fin 7e siècle, la construction de ce premier bâtiment connu coïncide avec la première mention de Pritz au début du 8e siècle. Le site ne réapparaît ensuite dans les textes qu’au milieu du 11e siècle. À cette date, une église y est le siège à la fois d’un prieuré de l’abbaye de la Couture du Mans et d’une paroisse sur laquelle une seigneurie châtelaine vient d’être créée, Laval. Au cours du 3e ¼ du 12e siècle, elle perd son statut paroissial au profit de la Trinité, chapelle urbaine construite par les moines vers 1070. Devenue chapelle prieurale, son statut n’évoluera plus jusqu’à la Révolution et sa vente au titre des biens nationaux. Elle est aujourd’hui encore une propriété privée.

D’est en ouest, le monument comprend un chevet partiellement effondré dont subsiste une travée droite couverte d’une voûte en berceau soutenue par des arcs doubleaux, un transept dotée d’une absidiole voûtée en cul de four sur chaque bras et d’une nef formée d’un vaisseau unique surmontée d’une charpente apparente.

L’étude archéologique du bâti des parements extérieurs du mur nord de la nef et du mur ouest du bras nord ainsi que d’une partie de la croisée a permis d’établir cinq phases principales.

La première, postérieure à la fin du 7e siècle, voit l’édification d’un premier bâtiment comprenant une courte nef, un transept et un chevet. Elle se caractérise par l’emploi d’un petit appareil en grès alternant avec des assises de briques. Au sein de ce premier état, seule une ouverture a pu être observée. Il s’agit d’une porte ménagée à travers le mur nord de la nef.

Vers le 9e siècle, l’édifice, ruiné, est remonté suivant des modes constructifs très similaires.

Vers le 10e siècle, les murs de la nef sont remontés et la croisée rehaussée. Le petit appareil mis alors en œuvre se révèle plus incertain et ne comprend plus d’assises de briques.

Durant la première moitié du 11e siècle, suite sans doute à l’arrivée des moines de la Couture, le plan de l’église est modifié pour adopter un plan bénédictin : les bras de transept se voient dotés d’absidioles tandis que le chevet est reconstruit sous la forme de deux travées droites et d’une abside semi-circulaire.

Enfin, avant le 3e ¼ du 12e siècle, la nef est agrandie en raison vraisemblablement du développement de la ville voisine et donc l’accroissement du nombre de fidèle. Cette dernière phase contraste par sa mise en œuvre : à l’exception des éléments remarquables (ouvertures, chaînes d’angles, contreforts) traités en moyen appareil de grès « roussard », les parements présentent un appareil irrégulier de schistes issus du sous-sol immédiat.